Nous voici encore pris dans cette bien curieuse époque sous le signe d’une pandémie mondiale. Nous avons été confinés, puis déconfinés, puis reconfinés en partie… Selon les uns ce confinement-déconfinement était une atteinte à nos libertés, le port du masque également, les interdictions de regroupements idem, les fermetures des cinémas, restaurants, bars etc. tout pareil ! Nous avons appris à garder nos distances, à travailler à distance ce qui a impliqué pour certains la découverte et l’utilisation des nouvelles techniques de communication…
Certains ont crié « au secours, rupture du lien social » d’autres « au joie, enfin tranquille pour organiser mon rythme de travail ». Bref, dans la vraie vie, personne ne semble se mettre d’accord. Fort bien… Voyons si la philosophie peut nous aider à comprendre ce qui est arrivé, et ce qui arrive encore avec la Covid-19 !
Premier avertissement : la philosophie a besoin de temps et… de recul ! Or nous sommes toujours pris dans l’événement ! Comment parvenir à prendre une certaine distance quand nous sommes au cœur même de ce qui arrive ? Voici le défi du jour !j
Souvenons-nous de la petite phrase d’André Comte-Sponville : « Laissez-nous mourir comme nous voulons ! » Assurément oui, cette revendication nous pouvons la défendre, mais sortie de son contexte ! Ce serait la question du droit à une mort digne. Ce n’est pas cette question qui est en jeu avec la Covid-19.
Souvenons-nous aussi de la position d’Edgard Morin, qui ouvre sans doute davantage sa réflexion au collectif : « Nous subissons un confinement physique mais nous disposons des moyens de communiquer en paroles (phone) images (vidéophone, Skype) textes (mails) et nous disposons de radio et tv qui nous mettent en communication avec autrui et avec le monde ; au stade actuel, en réaction à l’enfermement, nous nous sommes ouverts, plus attentifs et solidaires les uns aux autres.
La vie de couple ou de famille se bonifie, sauf chez les couples infernaux. Ce sont les solitaires sans phone ni télé, et surtout les non confinés, c’est-à-dire les sans-abris, qui sont les victimes absolues du confinement d’autant plus qu’ils sont oubliés du pouvoir et des médias. »
Deuxième avertissement : Pensons bien, dans nos réflexions, à distinguer la sphère privée de la sphère publique, l’individuel et le collectif…
Troisième avertissement : Si nous parlons de liberté précisons le sens que nous lui donnons. La liberté de mouvement fut contrariée, mais au-delà qu’en a-t-il été de notre liberté de penser par exemple ?
Aujourd’hui nous nous proposons la question suivante : La Covid-19 fait-elle évènement dans l’histoire des hommes. Cette pandémie mondiale, soutenue par la mondialisation précisément, aura-t-elle changer notre regard sur le monde et sur nous-mêmes ? Nous en appellerons à Kant pour commencer par répondre à un problème préalable : qu’est-ce qu’un évènement dans l’histoire des hommes ?