S’il est un penseur pessimiste, c’est bien Schopenhauer ! Alors pourquoi visiter le bonheur en sa compagnie ? Parce que justement, il est pessimiste et s’il envisage 50 règles pour être heureux c’est bien que, malgré tout, il le cherche lui aussi. Outre ses œuvres philosophiques dont la plus importante est Le monde comme volonté et comme représentation, il avait un penchant pour les petits manuels de philosophie pratique, c’est-à-dire liés à la vie et à l’action.
C’est un de ces petits manuels qui nous intéresse (conçu entre 1830 et 1840), puisqu’il porte sur la question de savoir comment être heureux à travers 50 règles, se réclamant de l’épicurisme.
Ce qui nous a donné l’occasion de revisiter sur un mode dialogique la Lettre à Ménécée ! Mais aussi de faire un clin d’œil à Rousseau pour terminer sur une note plus… poétique !
» Mais s’il est un état où l’âme trouve une assiette assez solide pour s’y reposer tout entière et rassembler là tout son être, sans avoir besoin de rappeler le passé ni d’enjamber sur l’avenir ; où le temps ne soit rien pour elle, où le présent dure toujours sans néanmoins marquer sa durée et sans aucune trace de succession, sans aucun autre sentiment de privation ni de jouissance, de plaisir ni de peine, de désir ni de crainte que celui seul de notre existence, et que ce sentiment seul puisse la remplir tout entière ; tant que cet état dure celui qui s’y trouve peut s’appeler heureux, non d’un bonheur imparfait, pauvre et relatif, tel que celui qu’on trouve dans les plaisirs de la vie mais d’un bonheur suffisant, parfait et plein, qui ne laisse dans l’âme aucun vide qu’elle sente le besoin de remplir. » Jean-Jacques Rousseau, Les rêveries du promeneur solitaire.