Regard sur les oeuvres de Tamara Lise

Le prochain rendez-vous philo est prévu ce samedi 20 mai à 11h, exceptionnellement au Pavillon de l’Erable Domaine de Bel Ebat – Rue du Vieux Ru – 77210 Avon (01 60 74 80 58) où nous nous pencherons sur les oeuvres de Tamara Lise…. nous vous espérons nombreux !

unnamed (1)La proposition est plutôt originale puisqu’il s’agit de partir des œuvres de Tamara Lise exposées au Pavillon de l’Erable. Si la sève de cette exposition trouve son origine dans la poésie, comment peut-elle nous amener à la philosophie…. de quoi parlent ces œuvres et quels sont donc les philosophes qui peuvent enchainer sur ces propositions esthétiques ? Ces toiles blanches, de toutes tailles, à peine troublées par des plumes de papier ou de la dentelle de cuir à la manière d’un souffle, captent cependant le regard sur la couleur de l’encre qui s’impose. En quoi est-ce de l’art dans tout ce qu’il peut avoir de fin, de léger et pourtant de grave ? Voici les questions qui seront abordées….

L’homme et la nature, curieux rapport !

 

Dimanche 9 avril, jour de soleil un peu trop généreux pour la saison, PhiloZarts et ses amis ont planché sur le rapport entre l’homme et la nature, le tout au milieu d’une exposition de lithographies d’Orchidées absolument remarquable et les photos de Janine Mignot… ce sont toujours des moments qui nous permettent d’échanger réflexions et pensées multiples et variées. Voyage dans le temps pour saisir ce rapport homme/nature. Aristote qui attribuait une « âme » comme souffle de vie à tout corps vivant, végétal, animal et humain ; l’Ancien Testament qui nous enjoint de prendre possession du monde et de tout ce qui l’habite ; Descartes qui nous invite à devenir « maître et possesseur de la nature » et propose le programme de ce que nous connaissons aujourd’hui à travers les technosciences ; Descartes encore qui présente sa théorie de l’animal machine ; Bataille et l’idée que l’homme opère une double négation, de sa propre nature par le biais de l’éducation, et du monde donné par le biais de la technique ; Heidegger qui pointe l’évolution de notre regard sur la nature que nous ne percevons plus que comme immense réserve d’énergie que nous nous approprions selon nos besoins et non plus pour elle-même ; Hans Jonas qui invite à repenser notre responsabilité face au monde et aux générations à venir et finalement Rousseau qui nous rappelle que la nature est sans doute la plus belle source de bonheur !… tous ces éclairages nous ont donné à penser et surtout… à repenser notre rapport au monde, à la nature et à l’animal !… dans une ambiance chaleureuse et studieuse !
Le prochain rendez vous ce sera le 14 mai autour de la question « La photographie est-elle un art ? »

Janine Mignot
Janine Mignot

Extrait de la Genèse – Ancien testament :

« Dieu dit : ʺfaisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur ta terre !ʺ

Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il est créa.

Dieu les bénit et Dieu leur dit : ʺSoyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur ta terre !ʺ ». 

Ainsi donc nous voici désignés pour devenir « maître et possesseur de la nature » comme le dira Descartes, dans le Discours de la méthode :

« Car [ces connaissances] m’ont fait voir qu’il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu’au lieu de cette philosophie spéculative, qu’on enseigne dans les écoles, on peut en trouver une pratique, par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Ce qui n’est pas seulement à désirer pour l’invention d’une infinité d’artifices, qui feraient qu’on jouirait, sans aucune peine, des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s’y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie. »

Petite Bibliographie

René Descartes (1596-1650) Discours de la méthode

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) Les rêveries du promeneur solitaire, Folio, Gallimard

Martin Heidegger (1889-1976) Essais et conférences, coll. Tel, ed. Gallimard

Frédérique de Towarnicki, Martin Heidegger, Souvenirs et chroniques, Bibliothèque Rivages

 

Dimanche 12 février – Epictète était-il heureux ?

Rendez-vous Salle de la Sablonnière – Larchant à 11h pour se rencontrer et discuter avec Épictète…

Épictète

Étonnant personnage qu’Épictète ! Nous nous intéresserons à sa vision du monde, de la place de l’homme dans ce monde, de la liberté, de la mort, du bonheur enfin…. Né en 50 après J-C en Asie Mineure, il est amené à Rome comme esclave… inspiré par les stoïciens ce philosophe aura-t-il trouvé le bonheur ? Voici la question du jour qui nous permettra de rebondir sur d’autres….

 

Programme 2017

Dimanche 9 AvrilL’homme et la nature, curieux rapport ! 11h Salle de la Sablonnière à Larchant dans le cadre de la Foire au Plante

Dimanche 14 MaiLa photographie est-elle un art ? 11h Salle de la Sablonnière à Larchant dans le cadre des Rencontres de Larchant en Pays de Nemours – L’atelier Photo d’Emile Zola

Samedi 20 Mai : Regard sur les œuvres de Tamara Lise – Pavillon de l’Érable – 66-70, rue du Vieux Ru – 77210 Avon

Samedi 10 JuinLe temps, ce grand sculpteur ! 10h30 à l’Atelier, dans la cour du Chateau de Nemours

Samedi 17 Juin : L’imagination au delà de la Raison ! Bibliothèque de Souppes, rue Michel Servet

Samedi 16 SeptembreSommes-nous maîtres de nos choix ? 10h30 à l’Atelier dans la cour du Château de Nemours

Dimanche 15 OctobreSuis-je toujours moi-même ? 11h Salle de la Sablonnière à Larchant

Dimanche  19 NovembreSommes-nous faits pour ne rien faire ? 11h Salle de la Sablonnière à Larchant

Samedi 25 Novembre : Les sens mènent-il à la connaissance ? 11h Bibliothèque Municipale de Veneux Les Sablons – 5 rue Claude Bernard

Samedi 9 DécembreQui suis-je ? Que suis-je ? 10h30 à l’Atelier, dans la cour du Château de Nemours

Que faire de nos promesses ? Dimanche 20 novembre à 11h Salle de la Sablonnière à Larchant

Des promesses, nous en avons tous fait…. mais à qui, pourquoi et qu’en avons nous fait ?

photo Janine Mignot

photo Janine Mignot

La séance promet d’être questionnante, d’autant que cette notion de promesse n’a pas été souvent relevée par les philosophes. David Hume, philosophe, économiste et historien écossais, un des plus importants penseurs des Lumières, fut sans doute le premier à s’y intéresser sérieusement…. c’était donc au 18ème siècle, autant dire hier !

Nous serions heureux de vous retrouver ce dimanche 20 novembre à Larchant, pour ce rendez-vous philo dans la nouvelle salle de la Sablonnière (face à la salle de Chatenoy) à 11h. Nos discussions, comme à l’habitude à Larchant, se poursuivront autour du verre des amis de la sagesse !

Ces rendez-vous s’adressent à tous, aucune connaissance philosophique n’est requise pour pouvoir y participer.

Entrée libre et gratuite….

 

Dimanche 16 octobre 2016 à Larchant : Le temps est-il notre allié ?

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Quand on pose la question à un jeune graphiste, voilà ce qu’il propose (ci-dessus dessin à l’encre – Alexandre Cesarini 2015). Le temps dévastateur, perte de la jeunesse…. menaçant ! L’est-il vraiment ?

Quand on pose la question à un photographe, ça donne ça par exemple :

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Fenêtre fermée sur le monde… ou à ouvrir vers l’avenir ?

(Photographie de Janine Mignot 2016)

Quant aux philosophes…. succession de mots, de conception du temps… réalité ou construction humaine… promesse de lendemains meilleurs ou d’un vieillissement certain… disparition ?

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Et pourtant… même quand le temps passe et semble emporter notre jeunesse… le fait-il vraiment ? Cette jeunesse n’est-elle pas une certaine manière d’être et de penser ? Le temps ne nous apprendrait-il pas aussi à être tout simplement ce que nous sommes ?

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N’est-il pas toujours promesse d’un devenir vers un avenir toujours devant nous ?

Mais il faudrait, dans un premier temps, se demander de quoi nous parlons exactement quand nous parlons du temps… n’y a-t-il qu’une forme de temps… notre perception du temps est-elle univoque ? Ne pourrions-nous pas penser différents modes de perception du temps… temps sériel ou mondain, temps du suspens… esthétique… ou autres ?

Quelques jours plus tard !

Le mot de la fin de séance a été prononcé par la doyenne de ce rendez-vous sur le temps : « J’ai 92 ans 1/2, je ne fais plus de projets parce que je suis bien incertaine de pouvoir les réaliser… aussi je vis dans l’instant et j’y prend grand plaisir ! »

Salle de la Sablonnière à Larchant - Photo Janine Mignot
Salle de la Sablonnière à Larchant – Photo Janine Mignot
Photo Janine Mignot
Photo Janine Mignot

 

Imagination ou Raison… qui mène la danse ?

Les philosophes ont bien souvent eu tendance à dévaloriser l’imagination face à la raison… faut-il vraiment les suivre ?

 

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Otto Dix

Pascal : « C’est cette partie dominante dans l’homme, cette maîtresse d’erreur et de fausseté, et d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est pas toujours; car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l’était infaillible du mensonge. Mais, étant le plus souvent fausse, elle ne donne aucune marque de sa qualité, marquant du même caractère le vrai et le faux. La raison a beau crier, elle ne peut mettre le prix aux choses.
Je ne parle pas des fous, je parle des plus sages ; et c’est parmi eux que l’imagination a le grand don de persuader les hommes. Cette superbe puissance, ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer, pour montrer combien elle peut en toute chose, a établi dans l’homme une seconde nature.
Elle a ses heureux, ses malheureux, ses sains, ses malades, ses riches, ses pauvres ; elle fait croire, douter, nier la raison ; elle suspend les sens, elle les fait sentir ; elle a ses fous et ses sages et rien ne nous dépite davantage que de voir qu’elle remplit ses hôtes d’une satisfaction bien autrement pleine et entière que la raison.
Les habiles par imagination se plaisent tout autrement à eux-mêmes que les prudents ne se peuvent raisonnablement plaire. Ils regardent les gens avec empire ; ils disputent avec hardiesse et confiance ; les autres, avec crainte et défiance : et cette gaieté de visage leur donne souvent l’avantage dans l’opinion des écoutants, tant les sages imaginaires ont de faveur auprès des juges de même nature. Elle ne peut rendre sages les fous ; mais elle les rend heureux, à l’envi de la raison qui ne peut rendre ses amis que misérables, l’une les couvrant de gloire, l’autre de honte. »

Rousseau dans son Emile en appelle aussi à la Raison : « Pierre n’est jamais content! Et pourtant, autour de lui, on s’ingénie à lui proposer tout ce que le monde réel peut apporter de choses. Alors on se désespère : il ne sait pas ce qu’il veut. En tout cas, il a de la peine, c’est évident. Il se dit même très malheureux. D’où peut bien venir cette peine ? Cette peine vient d’une disproportion entre ce que le monde réel lui donne et ce que le monde qu’il imagine lui fait espérer: dans la réalité Pierre doit travailler, il doit régler ce qu’il demande sur le possible, sinon il ne l’atteint pas. Mais dans le monde imaginaire rien de résiste au château en Espagne que lui peint son imagination. Hélas le possible ne règle plus son imagination. Il lui faudrait utiliser sa raison pour mesurer les possibles et donc être moins malheureux. C’est d’ailleurs ce que les stoïciens disaient : occupe-toi de ce qui dépend de toi et qui est à ta portée. Épicure parlait des désirs vains qui ne sont ni naturels ni nécessaire et qui empoisonnent la vie: par exemple le désir d’immortalité… »

Bachelard a une approche bien différente de l’imagination dont il donne une définition particulière : « Pour le philosophe réaliste comme pour le commun des psychologues, c’est la perception des images qui détermine les processus de l’imagination. Pour eux, on voit les choses d’abord, on les imagine ensuite; on combine, par l’imagination, des fragments du réel perçus, des souvenirs du réel vécus, mais on ne saurait atteindre le règne d’une imagination foncièrement créatrice. Pour richement combiner, il faut avoir beaucoup vu. Le conseil de bien voir, qui fait le fond de la culture réaliste, domine sans peine notre paradoxal conseil de bien rêver, de rêver en restant fidèle à l’onirisme des archétypes qui sont enracinés dans l’inconscient humain. Nous allons cependant (…) réfuter cette doctrine nette et claire et essayer, sur le terrain qui nous est le plus défavorable, d’établir une thèse qui affirme le caractère primitif, le caractère psychiquement fondamental de l’imagination créatrice. Autrement dit, pour nous, l’image perçue et l’image créée sont deux instances psychiques très différentes et il faudrait un mot spécial pour désigner l’image imagée. Tout ce qu’on dit dans les manuels sur l’imagination reproductrice doit être mis au compte de la perception et de la mémoire. L’imagination créatrice a de toutes autres fonctions que celles de l’imagination reproductrice. A elle appartient cette fonction de l’irréel qui est psychiquement aussi utile que la fonction du réel si souvent évoquée par les psychologues pour caractériser l’adaptation d’un esprit à une réalité estampillée par les valeurs sociales. Précisément cette fonction de l’irréel retrouvera des valeurs de solitude. La commune rêverie en est un des aspects les plus simples. Mais on aura bien d’autres exemples de son activité si l’on veut bien suivre l’imagination imaginante dans sa recherche d’images imagées. »

Faut-il alors réhabiliter l’imagination face à la Raison ?